La première question du médecin à la patiente enceinte concerne la dernière date des menstruations. Laquelle détermine la date prévue de l’accouchement, DPA dans le jargon.
Et que d’énarvouillage autour d’une date !
Mon médecin disait 21, moi 23. Nous n’avions pas la même roulette de calcul. Chacune fournie par une pharmaceutique différente.
Ensuite, dépassement de date. Du 21, du 22, du 23… L’attente crée une tension palpable, notre congé parental diminue à chaque jour. Et les autres aussi attendent et ont «hâte de lui voir la binette !». Puis, les fausses alertes. Dans les lieux publics, les yeux s’agrandissent à la vue de mon ventre et au resto, quand je réponds que la date prévue est la semaine passée le serveur pense fort «Mais c’est quoi l’idée ?». Les femmes enceintes passées terme devraient rester assises à côté de leur porte d’entrée, valise à la main, voyons !
J’aimais bien cette date. Toute ronde.
Pourtant... Elle était moins parfaite qu’elle n’y paraissait, cette date.
La première fois, c’était au cours de yoga avec bébé. Une des mamans me demande la date de mon accouchement :
– Le 1er octobre.
– Hon ! Pauv’ toi, juste après le 30 septembre !
– … ?
– Ben, c’est la date limite pour entrer à l’école !
Au mot «école» ma pensée est violemment projetée dans le futur. Je comprends alors que Fillotte est née le lendemain de la date limite pour accepter les enfants de 4 ans à la maternelle. Selon cette maman, j’en aurais encore pour un an ou pire, nous serions confrontés au dilemme de la demande de dérogation. Comme j’allais le constater au fil des rencontres avec d’autres mères, toutes avaient une opinion sur la chose et le sujet déclenchait à tout coup une discussion pour ou contre la dérogation.
Notre position était claire : chaque chose en son temps. Ce que bébé Fillotte nous rappelait très facilement, d’ailleurs.
Les copines étaient bien les seules à ne pas s’en être mêlées. L’année passée, lors d’un brunch de filles avec enfants, je leur ai demandé leur avis de mère/enseignante/ergothérapeute expérimentées. S'en est suivie une discussion ouverte. Un peu plus tard, alors que nos 9 petits étaient à table, Fillotte me demande du lait. Il lui manquait la formule de politesse, alors je lui dis :
– Du lait ... ?
– De soya ! (Chez nous, Fillotte a le choix entre du lait de vache ou du lait de soya...)
Ce fut l’hilarité générale. Et les copines, l’œil goguenard, de me donner du «Ouain ouain, elle est sûrement surdouée, ta fille !».
Voilà que nous sommes presque rendus dans le futur de l'école et j’ai envie de partager notre démarche et ce qu'elle nous apprendra. Je tiens à spécifier que malgré toute la fierté que nous inspire Fillotte, nous ne voulons pas participer à une course à la performance. Pas question de la pousser, de surcharger son horaire et de la rendre anxieuse. Nous allons tout simplement la suivre et s’assurer qu’elle recevra le niveau de stimulation dont elle a besoin.
Fillotte semble particulièrement allumée sur certains plans. Elle a un intérêt naturel pour le papier, les crayons, les livres, les lettres et … les animaux. Le premier mot qu’elle a prononcé fut chat, alors que je lui nommais ce dessin dans un livre à images. Cet été, elle traînait sa tablette et son crayon dans l’auto et me demandait comment écrire kangourou pendant le trajet à la garderie. Dernièrement, elle me faisait remarquer le lien phonétique entre maringouin et pingouin et qu’il y avait une hache dans vache.
Première étape de la démarche : rencontre parents-enfant avec la psychologue et test de Wechsler pour Fillotte. Si cette étape est concluante, on passe à la prochaine afin d'évaluer le langage, le psycho-moteur et le socio-affectif.
[Note: Il ne faut pas oublier non plus de procéder à l’inscription de l’enfant à l’école, comme j’ai failli l’omettre, n’étant pas au courant qu’il fallait le faire maintenant même si nous avons jusqu’en mai pour remettre notre demande de dérogation.]
Nous avons rendez-vous dans 2 jours chez la psychologue. Fillotte ne sait pas qu’on va «évaluer son fonctionnement intellectuel» en vue de savoir si oui ou non elle pourra entrer à l’école. Nous allons simplement voir une gentille demoiselle qui fera des jeux avec elle pour voir ce qu’elle est capable de faire et ce qu’elle a plus de difficulté à faire. C'est tout.
À suivre…
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J'arrive de chez Keep Moving Forward et ton billet me replonge plus de 10 en arrière!
RépondreSupprimerMa cadette est née le 5 octobre...
D'après ce billet, je conclu que tu habites le Canada, le Québec?
J'étais persuadée que ma fille était prête pour aller à l'école, surtout qu'elle voulait tout faire comme sa soeur. Les évaluations obligatoires pour la dérogation ont confirmé notre intuition.
Mais je voulais juste te dire d'avoir confiance et de faire ce que tu juges le mieux pour ta fille! Parfois la pression de l'entourage et des psys et des maitresses d'école trouble notre jugement...
On m'a souvent reprochée (chaque année du primaire jusqu'en 3e!) au Québec d'avoir fait déroger ma fille.... et pourtant elle a toujours été bonne élève! Elle est parfaitement à l'aise dans son groupe d'âge et c'est de ne pas l'avoir fait qui aurait été problématique...
Aujourd'hui, le pb ne se pose plus puisqu'elle a intégré le système français à notre arrivee à Ottawa.
Désolée de la longueur de ce com et bonne chance!
Ça me rappelle ce que ma fille m'a répondu un jour alors qu'en mangeant des céréales le matin, elle faisait des miammmmmm... Je lui dis: "C'est délicieux" et elle de me répondre le plus sérieusement du monde: "Non, c'est des céréales"
RépondreSupprimerEt pour la dérogation, je peux parler de mon expérience personnelle. Pire encore qu'être née le 1er octobre, je suis née en mai... Ma mère trouvant que je m'ennuyais à la maison (dans le temps, il n'y avait pas la télévision et tout le reste) a pris l'initiative d'une dérogation. À l'été de mes 5 ans, elle a contacté la directrice de l'école et voilà qu'un beau soir, je m'en vais la rencontrer avec mon père. Ma mère est demeurée à la maison avec ma petite soeur. La directrice m'a posé quelques questions et a convenu que je pouvais commencer l'école et que si jamais ça causait problème, je pourrais arrêter. Mais je me souviens très bien qu'en mon for intérieur, je ne voulais pas du tout arrêter!...
Je n'ai jamais souffert de cette situation. Bien au contraire! Et non seulement, je n'avais pas qu'une journée de "retard" mais 7 mois bien comptés...