16 mars 2010

A nature






























Malgré tout ce que j'ai dit ici, je suis une fille de bois. Un peu moins maintenant, travail oblige.

Enfant, je passais mes étés à la campagne. J'y ai appris que les "oiseaux bleus", le trèfle et les bouts mous des graminées étaient sucrées et se mangeaient. Que les vesses-de-loup blanches et fraîches étaient très bonnes à la poêle. Je savais où débusquer les plus grosses talles de mûres. J'ai aussi sûrement mangé de l'orignal tué par mon grand-père plus qu'une fois...

Plus tard, quand le printemps recelait l'odeur de la terre humide chauffée au soleil au sortir de la maison, j'éprouvais un violent besoin de partir vers la nature. Dehors.

Je me suis déniché un travail d'été sur le bord d'un lac de Lanaudière, nanny de 4 garçons. Braves, ils me suivaient sous la pluie à la cueillette de framboises. Sur le bord du lac, j'y ai découvert et bien aimé les fruits de l'amélanchier. Le chevreuil chassé à l'arc par le paternel était parfois au menu.

Plus payant, j'ai ensuite planté des arbres sur la Côte-Nord. Sous le soleil, sous la pluie, dans le vent, dans la bouette, avec les mouches et les frappes-à-bord. Dans ce déboisé, où les collines rasées à blanc s'étalent sur des kilomètres, j'ai appris à dénicher les petites boules anti-soif sous leur guirlande de feuille, à reconnaître le thé des bois, à pêcher la truite et surtout à m'empiffrer de toutes les framboises et bleuets qui poussaient sur ma parcelle. La Côte-Nord, là où chaque bleuet a un goût différent.

À part la pimbina, je pensais que mes papilles connaissaient toutes les saveurs sauvages comestibles.

Et puis, à Noël, j'ai reçu des graines de myrica. De ma petite soeur, qui est encore plus près de la nature que moi.
Curieuse, je suis allée fouiller sur le site d'Origina, la coop forestière qui les commercialise. Premier constat : j'ai encore beaucoup à goûter ! Racines, fleurs, chatons, feuilles... toutes issues de notre forêt boréale et pratiquement inutilisées dans nos cuisines. Même les fleurs d'épilobes peuvent être mangées en salade ! Ô combien ai-je pesté contre cette #@%$&! de jolie fleur de 5 pieds de haut lorsque je devais m'y frayer un chemin sans perdre ma ligne de 2 mètres pour planter les petits épinettes noires de 6 pouces. Vert parmi le vert et les verts. J'en connais quelques unes qui vont se marrer...

Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec cette coopérative et avec cette série d'émissions de Martin sur la route (qui n'est malheureusement plus disponible sur le site de radio-canada, et pas encore sur tou.tv) dont j'ai adoré l'épisode sur l'anguille. Comment on la pêche de père en fils, comment on la tue, comment on la mange... pas pour les coeurs sensibles !
Ce qui m'a rappelé cette visite mémorable du site de l'interprétation de l'anguille de Kamouraska en compagnie de la première femme pêcheur au Canada. Les Québécois ont déjà été de grands consommateurs d'anguille, avant que les turbines des barrages en amont du fleuve n'empêchent les pondeuses de rebrousser chemin et qu'elles se fassent de plus en plus rares.
Ce même désir de partager ce que nous devrions déjà connaître, ce que nous avons oublié, Manuel Kak'wa Kurtness nous le rappelle dans son livre Pachamama (qui n'est pas encore dans ma bibliothèque de cuisine, aïe !).

Les graines de myrica ont fait partie de plusieurs essais dans ma cuisine. Je les ai d'abord saupoudrées sur un lit de tomates et de courgettes, cuites au four. Trop amer. Trop broyées ? Fillotte y avait mis beaucoup d'ardeur... Chez Martine, j'ai trouvé une façon de les utiliser en marinade. Peut-être avais-je été trop légère sur le concassement ? Chat échaudé... mais ça ne goûtait rien de bien spécial. Finalement, ce week-end, j'ai essayé la marinade proposée par Origina, mais au lieu du veau, je l'ai fait avec des tranches de boeuf destinées à la raclette. Il n'en est pas resté...

3 commentaires:

  1. Wow! J'ai appris un autre côté de toi cette fois. Un poste fort intéressant! H

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  2. Merci pour toute cette info, j'en redemande!

    Je vais aller explorer les liens...

    Ah les bleuets sauvages, les meilleures que j,ai mangé, sont au Cape Breton, sous les embruns de l'Atlantique....

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  3. je me marre. osties d'épilobes àààà marde. héhé. la prochaine fois que j'en vois, je m'empresserai de leur couper la tête et les mâcherai rageusement avec du jus de citron et de l'huile d'olive.

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